Un bruit sourd vint bientôt interrompre le silence régnant au alentours de l'imposant et non moins majestueux manoir de Karazhan. Des corbeaux haut perchés sur les branches d'arbres millénaires feuillies par la saison s'envolèrent aussi sec, effrayés par la violente décharge qui était survenue. Une respiration sacadée se fit entendre au pied des bosquets, et, une demi-seconde plus tard, un autre woosh plus bruyant encore éloigna les quelques volatiles une bonne fois pour toute.
Leyra s'était laissée glisser au sol, le souffle court entrecoupé par des sanglots rauques qui roulaient dans sa gorge sèche en un va et vient douloureux, écorchant dans leur raclement régulier tant ses poumons que son âme alertée.
Ce n'était pas la fatigue causée par l'emprunt de magie qui l'accablait tant, ni même une quelconque souffrance au niveau de son abdomen arrondi par sa grossesse, mais une certitude désastreuse qui l'avait saisie alors que sa téléportation n'était même pas achevée.
Hally avait disparue ! Un problème l'avait empêché de venir au bout de son voyage magique, et la jeune femme avait ressenti son absence brutale non sans une grande angoisse. Mais où avait elle pu atterrir ? Comment allait-t-elle ? Son bébé ou elle étaient-ils blessés ? Ou pire encore ??
Son corps tressaillit lorsque la silhouette de Marek apparut devant elle. Des larmes salées formaient de véritables torrents d'eau chaude sur ses joues blêmes lorsqu'elle l'interpella, tremblante. :
"Marek !! Hally est seule et en danger, je le sais, je le sens ! Il faut à tout prix que nous la retrouvions ! Je t'en supplie, il faut que nous fassions au plus vite, elle a besoin d'aide..."
Elle savait que son ton suppliant était inutile, que Marek était tout aussi inquiété par la disparition de leur amie et que la retrouver le plus vite possible était une décision logique qu'il avait déjà prise par lui-même. Mais la jeune dragonnière était si inquiète, si misérable adossée au haut portail de fer forgé... Ses pleurs redoublèrent d'intensité.
"Oh Marek, c'est entièrement ma faute ! Je suis tellement coupable... Si j'avais... Si j'avais été plus raisonnable..."
Sa voix s'étrangla, et elle sentit alors toute la force de la culpabilité s'appuyer sur ses frêles épaules, toute la fatigue peser sur son petit corps fragile.
"Je viens avec toi..." eut-t-elle l'audace de dire en espérant sans grande conviction qu'il accepterait , tout en essayant de se relever malgré la tête qui lui tournait.